Le Fujigoko (富士五湖) est la contrée s'étendant au pied du Fujisan (富士山), comprenant les 5 lacs le bordant : Motosuko (本栖湖), Shojiko (精進湖), Saiko (西湖), Kawaguchiko (河口湖) et Yamanakako
(山中湖). Faute de temps et dans le désir de voir l'essentiel, nous nous sommes concentrés
sur 2 d'entre eux et les alentours, le Kawaguchiko et le Saiko.
Nous avons opté à cette occasion pour une formule
quelque peu plus luxueuse afin d'apprécier pleinement ce séjour,
comprenant notre gîte en Ryokan (旅館) avec vue sur le Fujisan et une option Ofuro (お風呂) privé pour la chambre. Malheureusement, les 2 premiers jours furent décevants en raison du temps maussade. Néanmoins, le temps s'est adouci par la suite, nous offrant même le dernier jour un ciel radieux (et des
coups de soleil en prime car nous avons fait pas mal de
bicyclette et nous sommes rendus à la 5ème station du Fujisan). Ce séjour fut inoubliable, malgré le temps maussade et l'absence de visibilité du Fujisan. Si vous
envisagez de visiter la région des 5 lacs, prévoyez beaucoup
de temps. Cette région est belle quelle que soit la saison, mais devient vraiment superbe lorsque le temps s'y prête. Si je devais
y retourner, je pense qu'en dehors de séjourner à nouveau à
Kawaguchiko, je tenterais sans
doute de découvrir les 3 lacs restants et retournerais au Fujisan
pour cette fois m'attaquer à son ascension, et me
replongerais avec plaisir dans les randonnées en vélo autour du lac.
Kawaguchiko no eki (河口湖の駅), la gare de Kawaguchi et point de départ des rétro-bus. Un petit café-resto, le Fujiyama, se trouve dans le bâtiment, avec à côté, un omyage shop pour acheter des souvenirs, en grande partie alcools, aliments et sucreries.
Voilà les fameux rétro-bus que nous n'avons cessé d'utiliser durant
notre séjour. Ils vont presque partout mais sont assez peu nombreux, on attend
donc souvent longtemps à un arrêt (1 par heure seulement). Le mieux est
d'acheter une carte de 2 jours (¥1300) car un simple ticket pour un
trajet coûte environ ¥680 pour Saiko par exemple. Nous avons donc après avoir visité la gare et son omyage shop, pris un de ces rétro-bus pour aller à notre ryokan non loin de là.
Après
avoir déposé nos bagages, retour en
ville pour chercher un endroit où manger, et sommes allés dans un restaurant traditionnel en face
de la gare proposant le plat typique de la région de Fujigoko, un type particulier de Udon (饂飩) appelé Hōtō
(ほうとう).
Comme
expliqué plus haut, en arrivant le temps n'était vraiment pas au beau
fixe, mais nous avons tout de même entamé le tour du lac, assez grand et
coupé en deux par le pont Kawaguchiko Ohashi (河口湖大橋).
J'ai beaucoup aimé me promener le long des berges, et admirer la vue du lac et
des montagnes environnantes parfois noyées dans la brume.
J'ai toujours aimé cela au Japon : même les plaques d'égouts sont jolies.
Lors de cette promenade autour du lac, nous avons pu visiter Music Forest Ukai,
un ensemble de bâtiments de type européen, d'inspiration allemande en
majeure partie, renfermant restaurants, magasins de souvenirs, ateliers
de création artisanale (j'ai d'ailleurs été tenté par
la création de ma propre boite à musique). Parmi les attractions proposées, on notera une salle
remplie de diverses machines musicales automatisées françaises et
italiennes datant du début du siècle dernier, où l'on peut assister toutes les heures (ou demi-heures) à un mini concert de
la gigantesque orgue automatisée et de ses automates du début du XXème siècle.
Pour ma part, excepté la curiosité de voir cela de plus près, j'ai préféré l'extérieur et les ateliers de création.

Pour finir cette balade et dans l'espoir d'apercevoir un bout du Fujisan,
nous avons décidé de prendre le ropeway, et avons ainsi pu contempler
le lac et la région environnante, et même l'espace de quelques minutes
entrapercevoir le Fujisan entre les nuages. Durant l'ascension,
nous avons même pu voir un jeune singe à la cime d'un arbre. Une fois en haut, en dehors du
panorama, pas grand chose, ni boutique ni rien de notoire. Nous avons
suivi quelques minutes un sentier dans la forêt
vers un sanctuaire pour aboutir à une sorte de temple miniature (moins d'un
mètre de haut), sorte de maquette d'un jinja en fait.

Ah si ! Il y avait bien un détail insolite : un jidōhanbaiki (自動販売機) vendant hotdogs, frites, takoyaki (蛸焼), soba (蕎麦) et même du sushi (寿司). Quand je vous disais que ces automates japonais sont susceptibles de proposer n'importe quoi, et dans ce cas, au beau milieu de la pampa en haut d'une montagne où il n'y a ni magasin, ni personnel. Je pense souvent aux personnes qui alimentent ces machines et les entretiennent, et je me dis que ça ne doit pas être un job facile.
Nous voici de retour à l'hôtel, après cette première journée de découverte.
Après un court séjour dans la chambre pour nous changer et nous reposer un moment, nous redescendons pour diner dans la salle qui nous est réservée. Diner qui comme vous pouvez le voir ci-dessus, est de style kaiseki (懐石), la cuisine traditionnelle japonaise.
Voici la chambre, disposant à la fois des avantages du ryokan (旅館) avec son style washitsu (和室) : shoji (障子), tokonoma (床の間), tatami (畳), etc, mais aussi des avantages modernes comme la tv, le frigo, la clim, etc.
Après le repas, retour à la chambre et relaxation après cette longue journée de marche autour du lac dans un ofuro bien chaud et apaisant. Je ne regrette pas d'avoir dépensé
davantage pour ce séjour en ryokan, car bénéficier
d'une chambre avec vue sur le Fujisan et ofuro, fut une excellente idée.
Que serait une soirée "relaxation" sans boisson? Nous avons décidé de tester les crus de la région, car Fujigoko et ses environs disposent de nombreux coteaux et cours d'eau favorisant la viticulture et la production de nihonshu (日本酒). Les vins régionaux sont très bons, et les cépages proviennent de France.

Pour ce deuxième jour, direction Saiko, en nous arrêtant en chemin au village traditionnel reconstruit de Iyashi no sato (いやしの里) à Nemba (根場) où l'on peut à la fois admirer les maisons de style traditionnel Kayabuki
(茅葺き) et divers ustensiles d'époque tels les machines à moudre
le grain ou à traiter le riz, les ustensiles destinés à la cuisine et à la
menuiserie, etc. Ce village fut détruit par un glissement de
terrain du à un typhon en 1966 et rebâtit. Chaque maison a une activité
différente : auberge, poterie, etc. Ci-dessus, un moulin dont l'eau entraine
la roue en actionnant un mécanisme de concassage du grain. Détail
amusant et sympathique : lorsque l'on paye son entrée on ne reçois pas
un ticket mais un petit grelot. J'ai trouvé ce geste fort plaisant pour
ma part. Les images du village sont celles de notre deuxième venue, le
dernier jour, car elles étaient plus colorées que celles du premier
passage dans la grisaille.

La vue de ces toits de chaume et du Fujisan se profilant en arrière-plan valait véritablement un retour à Iyashi no sato
par cette radieuse dernière journée. On se prendrait à rêver d'y vivre
en permanence si cela était possible, tant l'endroit est calme et beau.
Les différentes échoppes proposent nombre de produits, et même de
la dégustation, mais aussi d'expérimenter par vous-même l'artisanat
traditionnel, ce que nous avons fait, j'en parlerais plus tard.
Voici
une des maisons visitées ce matin-là. D'après la
dame en train de préparer le thé, il s'agit de la plus ancienne du
village et une des rares à avoir résisté au glissement de terrain. Elle fut réparée à l'aide de pièces des autres maisons
détruites. Vous remarquerez l'eau en train de chauffer dans le tetsubin (鉄瓶) suspendu au dessus du foyer : nous avons pu boire ce thé assis sur des zabuton
(座布団) avec d'autres visiteurs en
discutant avec la vieille dame. Un
moment privilégié partagé à la chaleur du feu.
Ci-dessus, le foyer ou irori (囲炉裏), où l'on prépare la cuisson d'aliments ou l'eau du thé. Le crochet permettant de suspendre la théière est appelé jizaikagi (自在鉤) et la théière en fonte tetsubin (鉄瓶), à ne pas confondre avec les autres théières en porcelaine ou argile appelées kyūsu (急須). Les coussins que l'on peut disposer sur le tatami, sont appelés quand à eux zabuton (座布団).
Vue d'ensemble de la pièce. Notez la pile de zabuton au pied de la poutre, et le o-yoroi (大鎧) au fond de la pièce.
Deux heures de lutte acharnée avec l'argile pour réaliser ce chawan (茶碗) expédié à Tōkyō
(東京) 3 mois plus tard, après
avoir été cuit et vernis à l'intérieur seulement selon mes
instructions. Espérons qu'en le revoyant je ne sois pas trop déçu.
J'avais envie de m'initier à la poterie depuis toujours, et voilà chose
faite, au Japon de surcroit ! よかった

Après notre visite au village, nous avons dirigé nos pas vers le Saiko mais le avec la grisaille, le Fuji est demeuré invisible. Certaines vues sont vraiment agréables car le cadre est plus sauvage qu'à Kawaguchiko.
Beaucoup de vieilles bâtisses abandonnées, anciens bungalows et hôtels,
pas mal de barques laissées sur les berges et envahies par la mousse et
les hautes herbes aussi. Par contre, nous avons découvert après une
longue marche du village et le long de la route longeant le lac,
l'excellent Café M, de style européen, et
son agréable jardin, prix un peu élevé et fermeture vers 17 h. Je
vous invite à vous y arrêter si vous deviez être de passage à Saiko.

Le
troisième jour, après des parlementaires sans fin avec ma
compagne la veille (les japonais sont très superstitieux) départ pour le Saiko, mais pour nous rendre cette fois dans la forêt au pied du Fujisan, Aokigahara Jukai (青木ヶ原樹海),
de triste renommée en raison des nombreux suicides, disparitions et
phénomènes surnaturels s'y déroulant. Le paysage est assez semblable
partout (nous y avons passé plusieurs heures et visité 3 grottes)
et j'ai donc choisi cette photo assez représentative de l'environnement
dans cet endroit. Personnellement, je n'ai pas ressenti une quelconque
oppression. Cette forêt surnommée "mer d'arbres" (jukai), peut
sembler toutefois sinistre par endroits avec ses arbres morts et tordus
aux formes sinueuses, ses roches volcaniques recouvertes de mousse,
crevasses et grottes obscures et profondes formées par une coulée de
lave du Fuji il y a 1200 ans.

Un
des nombreux panneaux des autorités et associations d'aide aux
personnes en difficulté que l'on trouve dans cette forêt. Ma
compagne m'a expliqué qu'il s'agissait d'une aide aux personnes en difficulté financière, afin de les empêcher de commette l'irréparable dans la forêt. Aokigahara paye un lourd tribut en vies humaines chaque année.
Vue ras-du-sol d'un des sentiers de la forêt.
Une photographie de tsutsuji (つつじ), déjà présenté dans un autre article.
Kōmori ana (蝙蝠穴), la grotte des chauve-souris où nous n'avons pas vu l'ombre d'une chauve-souris, mais rampé ou presque tant les boyaux étaient étroits comme on le voit ici. Expérience spéléologique intéressante toutefois, mais trop de visiteurs. J'aurais apprécié davantage ce lieu si les conditions n'avaient été si difficiles, le temps d'exposition augmentant avec l'obscurité il est stressant de shooter dans un boyau étroit avec 30 japonais dans le dos.
En train de préparer mon APN pour une photographie en basse luminosité dans un des boyaux de la grotte de glace, ci-dessous.
Narusawa Hyoketsu
(鳴沢氷穴), la grotte de glace, où règne effectivement un
froid glacial et est conservée de la glace depuis des siècles. En
ressortant, j'ai remarqué que mon objectif était entièrement gelé.
De
la glace avec un éclairage bleu, un régal pour les yeux et les
objectifs, mais encore une fois trop de visiteurs, et des grillages
pénibles à contrer pour photographier, sans compter les problèmes de prise de vue en milieu obscur en raison et le temps de pose.
Fugaku Fuketsu (富岳風穴), la grotte du vent (où il n'y avait pas plus de vent que de chauve-souris à Kōmori ana d'ailleurs...).
Après
notre petite randonnée spéléologique et forestière, la décision fut prise de louer des vélos à l'hôtel et
de profiter -vu l'éclaircie- du plaisir de rouler à travers Kawaguchi
et autour du lac. Les vélos bénéficiant d'un système d'assistance
électrique, ce fut très agréable, nous permettant en peu de temps de
parcourir de longues distances, et retrouver les spots les plus
intéressants pour procéder à de nouvelles prises de vue ensoleillées du
lac et du Fujisan.
Vue prise depuis Ohashi, le grand pont traversant le lac (la vue rive Nord est plus intéressante pour apercevoir le Fujisan).
Et voilà ce que l'on peut contempler du nord. Une bien jolie vue, même si le Fujisan aime à jouer avec les nuages.
Et voici la vue que l'on peut avoir près de mon café restaurant préféré de Kawaguchiko romantiquement appelé "Café la Bohême".
Les tarifs sont un peu élevés mais l'atmosphère en conséquence, dans un
décor occidental, grande villa blanche, tables disposées dans un jardin
spacieux bordé d'arbres le long de ce chemin pavé longeant la rive nord
du lac. L'ambiance est véritablement reposante et l'on peut savourer l'espace d'un instant le calme environnant dans un cadre propice.
Plus loin, les fleurs sont au rendez-vous et agrémentent joliment la vue sur le Fujisan.
Derrière moi, un petit établissement avec terrasse de bois couverte, dans lequel nous avons déjeuné sur la terrasse avec cette belle vue en prime.
Et voilà le déjeuner : des pâtes de type udon (饂飩) pour changer.
Notre promenade de l'après-midi s'étant révélée si agréable, nous avons décidé d'enfourcher à nouveau nos montures après le repas du soir au ryokan, pour nous lancer dans une randonnée nocturne autour du lac.
Un
temps très agréable et une nuit étoilée, la luminosité des étoiles et
de la lune s'ajoutant à la réflexion des lumières de la ville sur le lac
fut un véritable plaisir et l'occasion de nombreuses haltes pour admirer ces lueurs nocturnes sous différentes perspectives.
Belles teintes pour ce ballet de lueurs nocturnes se reflétant à la surface du lac.
Splendide vue sur le Fujisan
depuis la fenêtre de notre véranda, par une journée ensoleillée idéale pour de belles photographies.

Après avoir copieusement déjeuné au ryokan, nous voilà donc partis vers la gare pour prendre le bus à destination de la 5ème station du Fujisan que
nous allons enfin voir de près ! Malgré la vue imposante une fois à son pied on ne peut vraiment se faire une
idée de sa taille et les routes étant toute bloquées, j'ai du me résoudre à renoncer à son ascension. La place n'est pas
grande et hormis les quelques magasins de souvenirs et autres
restaurants, il n'y a pas grand chose à voir si ce n'est le Fujisan et la vue sur la région alentour et les lacs, et un petit sanctuaire shinto,
perdu derrière les bâtiments. La végétation alentour est composée d'arbres morts et dénudés, sans attrait, seules les
pentes du Fujisan si près et pourtant inaccessible m'attiraient. Malheureusement, mauvais timing aidant (bus et départ pour Tōkyō en fin d'après-midi), j'ai du me contenter de les sonder à l'aide de mon zoom. Un jour peut-être...

Le petit jinja du Fujisan caché par les grands bâtiments de la place.
N'oubliez pas de déguster un pancake "Fuji" en admirant par les baies vitrées le Fujisan dans toute sa splendeur.
Voici enfin le grand Fujisan de près. Si près et pourtant si loin.
Et voici pour illustrer et clôturer enfin ce long article, une vue depuis le Saiko, plus calme, où nous sommes retournés après être redescendus de la 5ème station et avoir revisité Iyashi no sato.
Un endroit paisible, mais n'espérez pas trouver des
commerces ou endroits pour se restaurer. En dehors du Café M et d'un petit resto de
camping, il n'y a que de rares hôtels, parfois abandonnés.