Je
trouve enfin le temps ce matin d'entamer la rédaction de cet article que j'ai
repoussé depuis une dizaine de jours en raison du manque de temps mais
également de motivation en raison de problèmes personnels. Je vais donc tenter
de vous retracer mon petit périple autour d'Izu (伊豆) dans la préfecture de Shizuoka (静岡) non loin de Tōkyō qui est une région que
j'envisageais de visiter depuis longtemps. C'est très boisé et évidemment
cerné par la mer de tous côtés, montagneux, et finalement assez
"paumé" si je puis dire. La raison pour laquelle j'ai voulu aller
là-bas est en fait assez simple. Izu figurait sur ma liste
de lieux à visiter mais j'avais aussi grand besoin de m'éloigner de Tōkyō
(東京) pour un moment tant mon quotidien actuel me lasse. De plus, étant donné le caractère unique
d'un festival particulier s'y tenant à cette période, c'était l'occasion
idéale. Je veux parler du Kawazu Sakura Matsuri (河津桜祭), un festival relatif au Sakura, sans rapport avec
celui du mois prochain, le Hanami (花見).
En effet, il existe à Kawazu (ainsi que d'en d'autres endroits d'Izu)
une variété de Sakura spéciale, plus précoce à éclore et que l'on
peut ainsi admirer dès le mois de Mars.
Izu étant
connu pour ses embouteillages sur la côte Est, j'ai décidé qu'un itinéraire par
le centre s'imposait depuis Atami (熱海),
point de départ du séjour puisque gare d'arrivée du Shinkansen (新幹線) de Tōkyō. Ce fut donc via Shuzenji (修善寺) au centre d'Izu que nous avons
suivi la route vers le sud pour Kawazu, voulant marcher sur
les pas de "la danseuse d'Izu" (伊豆の踊子Izu no Odoriko), personnage de la première des 5
nouvelles composant le célèbre recueil de l'auteur Kawabata Yasunari
(川端 康成),
il était naturel de faire halte au vieux tunnel d'Amagi (旧天城トンネル), étape obligée de ce pèlerinage. Construit en 1903 et classé
héritage culturel, il s'agit du plus long tunnel de pierre du Japon (445,5 m).
Voici
l'entrée en venant de Shuzenji.
Le
tunnel est assez sombre par endroits, mais éclairé et les voitures restent
heureusement assez rares.
Le
tunnel est très humide, de l'eau s'écoulant des parois et du plafond et le
vent y soufflant fortement.
Et
voici l'autre entrée ou la sortie si vous préférez.
Après
avoir visité le tunnel, nous avons visité Nikai Daru
(二階滝) non loin de là, une
petite chute d'eau. Malheureusement, peu d'efforts sont entrepris par les autorités pour agrémenter la région et dégager les abords des différents sites ou
nettoyer les routes (nous avons du faire du 4x4 tant il y
avait de débris de pierre et branches d'arbres sur les routes aux alentours de Kawazu !) ce qui s'est avéré être un réel
problème pour accéder aux sites, mais aussi un ralentissement considérable. Nous nous sommes arrêtés une
fois franchi le fameux "loop", construction unique en son genre et
point de départ du circuit des 7 chutes d'eau de Kawazu
(河津七滝 kawazu nanadaru).
Le
Kawazu Nanadaru Loop Bridge (河津七滝ループ橋) permettant de descendre vers Kawazu City.
Nous
voici arrivés à la deuxième étape du voyage, Kawazu Nanadaru (河津七滝), le circuit des 7 chutes d'eau de Kawazu, raison principale de ce voyage qui s'avéra être en fait
une grande déception en raison de l'impossibilité d'en visiter la totalité. En
effet, nous avons eu la désagréable surprise d'apprendre
qu'en raison d'éboulements survenus l'année dernière suite au passage d'un
typhon, nous ne pouvions que visiter 3 des 7 chutes... Je tiens à préciser qu'en préparant ce voyage, j'avais pris soin comme à mon habitude de visiter le site officiel de la ville de Kawazu
et qu'il n'y avait aucune information à ce sujet. Laxisme ou mensonge par omission, j'ai trouvé cela déplorable et malhonnête, surtout compte tenu du fait que cet état de fait est présent depuis l'année dernière.
Kanidaru
(カニ滝), la chute d'eau des crabes
La
rivière était heureusement agréable à contempler lors des trajets entre les
chutes, compensant un peu la déception.
Ce
que j'aimais aussi à Izu, c'était l'omniprésence de mousse et de
verdure.
Voici les statues des deux personnages principaux de la nouvelle de Kawabata,
la danseuse d'Izu et l'étudiant.
Shokei
Daru (]初景滝) vue de loin, car inaccessible. Dans le coin droit, à nouveau les statues du couple
précédent.
Deai Daru (出合滝),
près de la grande chute de Oo Daru (大滝),
également inaccessible hélas.
Une
autre vue pour montrer la limpidité de l'eau. Il y a beaucoup d'Onsen
(温泉) à proximité en raison de la
qualité des eaux.
Il est vraiment
dommage que les autorités n'aient pas fait le nécessaire quand au dégagement
des accès, surtout après un an. En toute franchise, je ne crois pas que je
retournerais de si tôt à Izu, car malgré la beauté de ces lieux, je pense que le Japon est assez vaste pour visiter d'autres
lieux intéressants où l'on saura mettre en
valeur le patrimoine davantage qu'ici.
Après
les chutes, retour à Kawazu pour le Sakura
Matsuri. Nous avons passé plus d'une
heure en roulant au pas à tenter de trouver une place où se garer. Là encore, gestion lamentable de la municipalité car malgré plus d'une dizaine de parkings le long de la route, tous
étaient interdits, fermés, clôturés. Je ne parlerais même pas de la
gestion de la circulation désastreuse et chaotique, sans aucun effort pour
fluidifier l’afflux de visiteurs. Nous avons toutefois à notre soulagement
réussi à dénicher enfin une place sur un parking non signalisé. Une
fois garés, nous avons enfin pu entamer notre balade au long de la rivière
pour admirer les cerisiers en fleur.
Nous
avons eu la chance d'avoir quelques éclaircies permettant ainsi de réaliser
quelques clichés plus colorés des Sakura.
Comment
imaginer en marchant sur cette petite route que 5 minutes plus tard ce serait
la foule?
Une vue typique d'une rivière japonaise.
Un
héron perché sur son roc.
Après
le pont, la foule.
Sakura
sakura.
Petite
vue de la berge.
Très jolie vue avec la montagne en fond, la petite maison et l'escalier descendant
jusqu'à la rivière.
Mon
impression générale de ce matsuri fut assez négative car s'il était intéressant de contempler ce sakura
précoce, les lieux en eux-mêmes n'avaient pas vraiment d'intérêt, aucun
temple aux abords, aucun parc, juste le sakura et la rivière. Je suis assez déçu de Kawazu en raison du mauvais entretien des accès aux sites et des routes, de la mauvaise organisation du festival et
de la circulation. De plus, il y avait trop de monde et la moyenne d'âge était très
élevée, tout cela manquait de gaieté et de fraicheur comparé
au hanami à Kyōto (京都) ou ailleurs.
Après le festival, il était temps de reprendre
la route vers Shimoda (下田)
où nous avions réservé une chambre. En effet, une autre de mes priorités était
de réussir à prendre une photo du soleil couchant sur la mer entre le Torii
(鳥居) et les pins sur la plage (j'en avais vu une
superbe sur internet). Le seul hic, c'est qu'il s'agissait du soleil levant et non du
coucher, ce que j'ignorais. Pour la petite histoire, Shimoda est
célèbre en raison de la venue du Commodore
Matthew Perry (USA) qui força ainsi en 1854 le Japon à s'ouvrir au
monde.
Une des extrémités de la plage de Shirahama
(白浜), à Shimoda.
Au
levant, le soleil point juste entre l'avancée rocailleuse de gauche, et le
petit amas de rocs où se dresse le Torii.
Dernier
regard en arrière avant de rejoindre le parking. Vraiment dommage que rien ne
soit entrepris pour nettoyer les plages.
Direction
l'hôtel, ou plutôt la "manshyon" (マンション) à savoir "mansion" en anglais. Généralement tenue par une famille, il s'agit plus ou moins d'un
"bed & breakfeast", donc ni hôtel ni ryōkan
(旅館), mais plutôt une chambre équipée
d'une sdb/wc, dans une atmosphère plus "relax" et plus
familiale. Il ne faut pas s'attendre au grand luxe ni au service habituel à
la japonaise, mais ça reste très bien et bon
marché. Un peu surpris de prime abord, j'ai néanmoins apprécié le
confort du lit et l'onsen (温泉) à double bassin (intérieur et extérieur).
Le hall d'entrée, en harmonie avec le reste de la maison et les chambres
avec en fond une musique hawaïenne.
Sympa
le rose bonbon non? En tout cas, très calme et confortable.
Quelques
jolies photos en vrac des alentours.
Malgré
un vent puissant la journée fut ensoleillée et propice aux
photographies.
Shirahama Beach, à l'autre extrémité se trouve le Torii vu la veille.
Après une petite halte au 7 Eleven, nous nous sommes remis en route pour l'autre côté d'Izu,
la côte Ouest que je savais nous réserver des vues superbes, avec comme
1er objectif Matsuzaki (松崎). Nous ne sommes pas allés directement vers la ville,
mais sommes d'abord descendus en longeant le littoral vers Iwachi
(岩地) que l'on surnomme la Côte
d'Azur d'Izu. Je ne rappelle pas de tous les endroits où nous
nous sommes arrêtés pour prendre des photos, aussi ne m'en veuillez pas du manque d'informations. Je dirais simplement que
c'est une partie du séjour que j'ai beaucoup apprécié en raison de la beauté sauvage du
paysage bien plus
agréable que la côte Est.
Pin, océan et montagne. Je ne me lasse pas
d'admirer ces vues.
Le
bleu de la mer était particulier, différent du bleu habituel que j'ai pu
contempler jusqu'à présent au Japon.
Il
semble que même les quelques nuages aperçus ce jour là ne faisaient qu'ajouter
à la beauté des paysages.
Vue d'Iwachi, un endroit paisible où j'aurais eu plaisir à
séjourner, pour contempler l'océan et songer.
Alentours d'Iwachi. Au loin
les côtes du Sud Ouest de Shizuoka (静岡).
Matsuzaki
Kumomi Kaigan (松崎雲見海岸)
Matsuzaki
Kumomi
La
jetée de Matsuzaki Kumomi.
Jetée
de Kumomi (雲見). Vue directe sur le Fujisan
(富士山) au loin dont on ne voit que
la base.
Et
une autre dans l'alignement des récifs.
Vue
prise du cap de Kumomi, depuis la plateforme d'observation.
En
redescendant du promontoire du cap vers Kumomi et la jetée.
Quelques
photos en vrac sur le chemin vers le Nord, le long du littoral.
Pour
le plaisir des yeux, montagnes et océan.
Probablement
pas très loin de Heda (戸田).
Aux alentours de Numazu (沼津).
Nous
arrivons à la fin de ce voyage et de ce long article et je dois avouer que je n'en suis pas
fâché, car il n'est pas toujours aisé de commenter autant de clichés. A partir
des environs de Numazu (沼津),
nous avons obliqué vers l'Est à nouveau, à travers les terres en direction d'Atami
(熱海), aussi n'y eut-il pas vraiment
de vues intéressantes.
La route entre Numazu et Atami, typique d'Izu : lacets et montées.
Le
seul et unique, le Shizuoka Cola !
Voici notre repas pris au port de Matsuzaki et composé de Sashimi
(刺身) et de Himono (干物) en majeure partie. Pour information, le Himono est du
poisson séché au soleil (après avoir été vidé et salé naturellement) puis grillé
à la braise.
De retour à Atami, où nous avons été flâner dans les ruelles alentours pour voir ce qui s'y vendait.
Peine
perdue hélas comme le montre cette photo : malgré l'heure (aux environs de
18h) tous les magasins étaient déjà fermés ou fermaient. De plus, on ne peut
pas vraiment dire qu'il y avait foule.
Mon récit de ce périple à Izu prend fin et j'espère que malgré mon avis assez mitigé concernant la région, vous aurez apprécié.