Contrairement
à mes habitudes, une photo de moi, au loin les Minami Alps.
2012 a fort mal démarré pour
moi et m'a passablement miné le moral. Tout d'abord, mon échec concernant
l'emploi que j'avais trouvé ici, si prometteur malgré des conditions de travail
difficiles, étant à l'origine de mon retour au Japon. J'étais censé détenir enfin une clé pour m'établir de façon stable à Tōkyō.
Hélas, le monde est rempli de gens malhonnêtes et mon ex-patron en fait
partie. Promesses non tenues, mensonges, exploitation et non
paiement de mes heures de travail m'ont fait revenir à une situation précaire sans emploi. Mon dernier séjour m'a coûté cher et je
ne peux me permettre de continuer à vivre de cette manière sans rentrées
d'argent avec la fin du visa telle une épée de Damoclès
suspendue au-dessus de ma tête. Ne pouvant exercer ma profession ici -dans l'hypothèse
où je trouverais un poste avec visa à la clé- en raison de mon niveau
basique en japonais, et n'ayant qu'une autorisation de travail de 28h/semaine
maximum en raison de mon visa d'étudiant, seuls des baito mal payés s'offrent
à moi, et même là, il est ardu de dénicher un poste ne nécessitant pas un bon
niveau en japonais. En dehors de mon bref emploi en Janvier, je
n'ai eu l'année dernière que des jobs occasionnels, du genre modèle
etc. Dans des conditions telles que celles-ci, comment envisager un futur
quelconque dans ce pays? Malgré la volonté, le courage et les efforts
déployés, les faits parlent d'eux-mêmes : les golden years (80's)
sont terminées et les postes d'enseignants se font rares, les entreprises
japonaises se montrent très exigeantes concernant les critères d'embauche. JLPT1, Master Degree, expérience professionnelle de 5 ans
dans le domaine, etc. Autant de barrières infranchissables pour un profil tel
que le mien. Ceux qui me connaissent savent ce dont je suis
capable et le potentiel dont je dispose, mais nous vivons dans un monde où
les diplômes sont rois.
Tout cela me déprime grandement. Ce weekend, un de mes amis étudiant de l'école de japonais où je suis quitte à son grand regret le
Japon, faute de visa et son quota de séjours
courts autorisés épuisé. Il est lui aussi désespéré, car sa vie est ici depuis 2 ans
et demi avec sa compagne japonaise, mais malgré sa nationalité anglaise et
un niveau JLPT1 en japonais, il n'a pu décrocher que des baito,
ergo : pas de visa de travail. Côté français, un ami français vient de revenir au Japon avec sa femme (japonaise) et leur enfant, et
vivant actuellement chez la belle-mère, lui non plus ne trouve rien de stable et doit se contenter de baito. Avis aux candidats : mesurez
bien les enjeux avant de franchir le pas, car s'installer ici est tout sauf
simple, ne croyez surtout pas les sites web et autres forums vous chantant les
louanges du Japon et la facilité d'y trouver un emploi avec de la volonté et du
culot, c'est du "pipeau"
! Les places d'enseignants de français sont plus que rares et largement
surévaluées au niveau des critères de sélection, tout en restant extrêmement
mal payées, quand à l'anglais, même si vous le maitrisez comme moi (je parle
anglais et allemand) vous pouvez oublier tout de suite, ils n'embauchent plus
que des "natives".
La plupart des français "donneurs de conseils" sur les forums sont généralement des personnes nanties, installées depuis des années ici, ayant une situation bien établie, un cercle d'amis, des
contacts, etc. De plus, bien souvent ils travaillent dans des milieux
recherchés, donc rien d'étonnant à ce que leur emploi soit bien rémunéré et
pérenne (Ingénieur, IT, Secteur bancaire, etc.). Il est
toujours aisé de donner de "bons conseils", de critiquer ou de juger lorsqu'on
est confortablement à l'abri, c'est là le propre de l'homme. Pour ma
part, malgré mes connaissances en informatique (j'étais Technicien IT en France), mon niveau de français, d'allemand
et d'anglais, ainsi qu'un japonais de conversation passable, je n'ai pas la
moindre chance de trouver un emploi à moins de tomber pile au
bon endroit au bon moment. Remarquez, il y avait avant mon départ une offre
extrêmement bien rémunérée pour un poste dans le nettoyage située sur Fukushima (福島).
Je vous laisse deviner pour qui...
Une
alternative serait d'ouvrir son propre commerce, de proposer aux
japonais friands de nouveautés, d'exotisme et de la France, quelque chose de
particulier. Malheureusement, là encore, compte tenu des difficultés relatives
à la culture, à l'investissement et bien sûr à la langue, les chances de
réussir demeurent réduites. L'ouverture de
l'entreprise ainsi que les charges relatives à son fonctionnement sont moins
lourdes qu'en France, mais comme toujours au Japon, le coût des loyers tient une place dominante dans un projet tel que celui-ci, étant
totalement démesurés et susceptibles d'engloutir littéralement le capital
dès le départ. Je reste néanmoins persuadé qu'avec une atmosphère occidentale authentique et des produits de
qualité, un service à la hauteur, compte tenu de l'attrait des japonais pour
la nouveauté et l'originalité ainsi que leur intérêt pour la France et le fait
que Tōkyō dispose d'une
clientèle potentielle de 35 millions d'habitants, on pourrait amortir le coût et devenir bénéficiaire rapidement. Toutefois, engager une
somme pareille sans maitriser parfaitement la langue ni avoir une connaissance
poussée du marché japonais, ni disposer de contacts afin d'obtenir
le local adéquat (les japonais demeurent très méfiants concernant les
étrangers, et exigent des garanties souvent impossibles à fournir sans avoir un
partenaire japonais) demeure pour moi trop risqué, aussi ne puis-je concevoir
la réalisation d'un tel projet dans l'immédiat.
Je pense avoir fait le tour de la question, et je n'éprouve aucun soulagement
d'avoir "vidé mon sac", et n'ai pas non plus davantage d'idées
concernant mes problèmes actuels, mais au moins, je n'aurais plus à me demander
si de devrais écrire un article à ce sujet dorénavant...
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