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vendredi 8 mars 2013

哀歌 (aika)

Pays/territoire : Cocheren, France

Je me suis décidé à reprendre la plume, ou plutôt la souris devrais-je dire... parce qu'il me faut à nouveau évacuer ce trop-plein de lassitude et de détresse qui me sature de ses effluves néfastes, et me remplit le cœur d'amertume et de noires pensées. Pour une fois, je n'utiliserais pas exclusivement des photographies personnelles afin d'illustrer cette article, mais également des photographies d'une amie japonaise de Kyōto (): merci, H. En fait, seules les deux premières photographies de la lune sont de moi...

La lune en plein jour dans un ciel bleu azur, il me fallait à tout prix immortaliser cet instant...

Ma situation n'a guère changé depuis mon précédent message. La vie continue, mon cœur au Japon, mon corps en France... Chaque jour qui passe est semblable au précédent, et un temps précieux est ainsi perdu, temps que j'aurais pu passer au Japon. Mon visa s'est arrêté Mercredi, au moins je n'aurais plus à penser que je "pourrais" retourner demain au Japon si je le désirais. Je continue de rechercher sur le web des offres d'emploi chaque jour et chaque nuit, aussi bien en France qu'au Japon, mais je m'aperçois hélas de l'inconsistance de mon profil, du peu de valeur "marchande" que je représente dans cette société. Je n'ai rien a apporter, car mes connaissances, ma culture, mes langues, mes compétences, tout cela n'est rien sans diplômes pour les sanctionner... Cette pénible situation perdure et empire, et je perçois dans mon entourage la gêne, le doute, l'incompréhension par rapport à ma vie, à mes choix, à ma vision sur le monde. Pourtant je désire moi aussi trouver ma place dans cette société, reprendre ma vie professionnelle et enfin retrouver une certaine sérénité; mais la conjoncture est telle que je stagne dans une position précaire sans espoir d'en sortir. Même la confiance de ma compagne commence à disparaitre, mais comment expliquer à une japonaise l'état désastreux du marché de l'emploi en France, les "sur-qualifications" exigées par les employeurs pour des emplois subalternes et mal payés, et la difficulté d'obtenir un poste rapidement?

Sans zoom, pour apprécier la différence du feuillage hivernal français et du Kōyō (紅葉).

Je me suis résigné à renoncer -au moins provisoirement- à un retour au Japon dans un futur proche, car mon niveau de japonais, mon bagage professionnel ainsi que le manque de contacts sont des obstacles infranchissables à cette heure. Pourtant, la situation n'est pas meilleure ici où je ne suis qu'un chômeur parmi tant d'autres, et malgré mon aisance en français, des compétences multiples et même quelques diplômes, je n'arrive à rien. Ma vie est un véritable néant, et cette oisiveté forcée me mine le moral. Que faire? Sur les rares offres d'emploi accessibles (dont une grande part japonaise...) je n'obtiens pas même de réponse à mes candidatures, malgré le soin que j'y apporte lors de leur rédaction. Que faire lorsqu'on est rien? J'ai songé reprendre des études pour obtenir des compétences supplémentaires et des diplômes, mais là encore le dilemme : comment à la fois payer les dites études, et vivre durant cette période, sachant qu'il me faut penser également à la venue de ma compagne? L'alternance, vu l'offre, n'est pas envisageable. J'ai un dégoût profond de cette vie que je mène, et je préfèrerais mille fois avoir un baito au Japon qu'un smic en France (dans l'hypothèse où j'en trouverais un...).

J'aurais tellement aimé enseigner le français, car voilà où se situe un de mes points forts, mais pour les rares offres présentes au Japon (il n'y en a que pour ces foutus "english native speakers", pour vous dire à quel point la promotion de notre langue est misérable...), on me reproche le manque de diplômes ainsi que le fait de ne pas avoir de visa valable... Non, je ne peux me marier et obtenir le visa (ce serait d'ailleurs assez triste de se marier ainsi...) car les parents de ma compagne, tous sympathiques qu'ils sont, commencent également à se poser des questions sur moi, et mettent une certaine pression sur elle qui me revient naturellement sur les épaules indirectement. Un mariage est donc actuellement improbable, vu que l'on attend de moi de stabiliser ma situation afin d'assumer le budget...

Je passe mes journées et mes nuits à rechercher une voie quelconque sur le net sans succès. Je suis tout simplement obsolète, un paria. Que puis-je apporter aux japonais si ce n'est ma connaissance de la culture française, sachant que mes compétences informatiques sont inexploitables d'une part en raison du niveau des mes diplômes, d'autre part de la faiblesse de mon niveau de japonais? Je crois bien avoir songé à toutes les voies possibles mais le fait est que sans contacts (pistons) il est extrêmement difficile d'obtenir un emploi dans de telles conditions sur Tōkyō (東京). Je continue néanmoins de creuser chaque jour, mais mes recherches au hasard n'apportent malheureusement pas de nouvelles pistes, et le temps continue de s'écouler. Je suis conscient du fait qu'il me faut rebondir, mais je n'arrive pas à le faire et cela me remplit de colère. Je n'obtiens rien ici et rien au Japon, ma vie (je devrais dire "notre" vie...) est en suspens, en attente, en standby... Nous souffrons chacun de notre côté de l'absurdité de cette situation, et je ressens évidemment tout le poids de cette responsabilité sur mes épaules, sans toutefois savoir que faire tant mon existence est devenue compliquée et désagréable. C'est à présent que j'aurais eu besoin des conseils de feu ma mère, de ses encouragements...

J'ai postulé à tous les postes accessibles imaginables depuis Janvier, mais je n'ai en tout obtenu qu'une seule réponse, naturellement négative. Je suis pourtant persuadé que, en France ou au Japon, il doit exister un emploi susceptible de me convenir, où je puisse mettre mon potentiel au service d'une entreprise qui saurait me laisser ma chance. Après tout, diplômes ou non, j'estime que parler couramment 3 langues (sans compter mon japonais conversational), en ayant des compétences multiples en informatique allant de l'installation et maintenance de postes et systèmes en passant par la gestion de banque de données et le helpdesk, avec d'excellentes notions en graphisme et webdesign, le tout accompagné d'une excellente culture générale et d'une polyvalence et capacité d'adaptation à toute épreuve, ce n'est pas rien ! J'en ai assez que l'on me considère comme un looser, comme un individu hors norme, inutile et incapable de s'adapter dans cette maudite société.

Enfin, il ne sert à rien de s'énerver, j'en ai fait bien souvent l'expérience depuis mon retour. Mon seul désir est de sortir de ce cauchemar et reprendre ma vie où elle s'était arrêtée. Pourquoi est-ce donc si difficile pour moi alors que tant de personnes réussissent plus ou moins bien à vivre leur petite vie ensemble et à bâtir progressivement quelque chose? N'avons nous pas nous aussi le droit de vivre modestement où bon nous semble? Voilà les questions que je me pose bien trop souvent, sans réussir à comprendre pourquoi la mécanique s'est grippée pour nous... Je suis si las que j'apprécierais volontiers de me laisser guider dans ma vie par un coach qui me montrerait le chemin de la sortie, afin d'avancer enfin à nouveau sur des sentiers praticables.

Tozando sous la neige...

Il m'est terriblement difficile de me lever le matin, encore davantage je dirais que de trouver le sommeil chaque nuit, ce qui n'est pas peu dire... En effet, après avoir consulté mes mails dans l'espoir -déçu- d'y trouver une réponse à l'un de mes candidatures, je parcours l'ensemble des sites professionnels français et japonais à la recherche d'une offre valable pour finir invariablement déprimé de l'absence totale d'une quelconque opportunité. Tic-tac... Il n'y pas une minute qui passe sans que je ne ressente cette pression omniprésente, étouffante, ce rejet de cette vie que je mène, et de l'ignorance dans laquelle je me trouve, d'une possible solution à mes problèmes. Plus tard, dans l'après-midi, c'est le moment de rejoindre ma compagne sur skype afin de parler, de nous voir, de nous entendre, et ce moment qui pourrait être heureux est trop souvent pénible car je n'ai rien de positif à lui annoncer, et elle de son côté n'a rien à me raconter, sa vie se déroulant entre son appartement devenu trop vide depuis mon départ et son travail, en passant par la case train. Le soir, c'est l'heure solitaire où je cherche à m'occuper l'esprit n'ayant plus de tâches à faire, et devant me cantonner au maximum dans ma chambre, si je ne veux déranger le sommeil des autres occupants de la maisonnée par mes insomnies...

 L'arrière cour de Tozando, où l'on peut tester iaitō (居合刀) et katana ().

Malgré tout, je me refuse à abandonner, et je continuerais à me battre pour retourner au Japon, mauvaises cartes ou non, je n'ai pas le choix. Je ne peux croire que la roue ne tournera pas, et je sais que nombres d'entre nous, amoureux du Japon, ont galéré des années avant de trouver leur place au pays du soleil levant, aussi la persévérance et le courage sont de mise, et je me dois de conserver une volonté de fer pour reconquérir le droit d'y retourner. J'ai l'intention de me remettre en solo au japonais, de reprendre mes cours et les peaufiner, peut-être également m'inscrire dans un dōjō (道場) d'iaidō (居合道), et de continuer à creuser, jusqu'à trouver enfin la voie qui attend ma venue quelque part en ce monde. Je tâcherais dans un avenir plus proche de reprendre le travail concernant la refonte des articles existants, la rédaction de ceux en cours, ainsi que de la publication de mon dernier voyage au Japon, datant de l'été dernier. A bientôt.

4 commentaires :

  1. Bonjour,

    J'ai été très émue par ce dernier "post".
    Vous semblez si désespéré que j'avoue en être bouleversée...au regard des nombreux articles publiés sur ce blog. Vous y faites preuve d'une belle sensibilité de regard, d'écriture, vos photos sont agréables à regarder...
    Je suis pour ma part convaincue que vous allez trouver votre place dans une société qui n'est pas la plus adaptée à des êtres sensibles comme vous semblez l'être...
    Ne vous laissez pas abattre, votre blog est pour moi une petite lumière...
    J'ai 57 ans et projette un séjour au Japon en 2014...me feriez-vous partager votre expérience et quelques précieux conseils?

    Bien cordialement.

    Voici mon mail...
    flamentsylvie@hotmail.com

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    1. Je vous remercie de votre commentaire, et je suis heureux si vous avez pu apprécier certains des articles de ce blog. Malheureusement, au-delà des mots se situe une réalité qui n'est en rien plus douce ou plus facile que celle décrite dans ces quelques lignes, bien au contraire... Il me faudra donc encore attendre, et trouver chaque jour la force et l'envie de continuer, envers et malgré tout. Je tâcherais néanmoins de me rappeler que disséminés de par le monde, se trouvent des personnes sensibles à mes lignes, telles que vous-même, sachant comprendre ce que je tente d'extérioriser malhabilement, et qu'ainsi mes articles ne sont pas si vains.

      Je ne peux que vous encourager dans votre projet de séjour au Japon, ce pays vaut vraiment le voyage, en particulier si vous y aller pour la première fois et à la bonne période. Je serais ravi de pouvoir vous conseiller si je le puis, et m'en vais de ce pas vous écrire.

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  2. Keio san,

    Je viens de découvrir votre blog et de lire ce dernier article !

    J'ai l'impression exacte de retrouver la situation dans laquelle je me trouvais l'an dernier à la même date ... J'ai galéré pour m'en sortir mais je n'ai réellement pu m'en sortir que lorsque deux personnes et mes parents m'ont tendu la main ; autrement, je serais certainement aujourd'hui toujours dans la même situation ;

    En ce moment au Japon, je mesure ma chance ; même si j'y travaille tous les jours, je sais que tout pourrait s'écrouler en 24 heures !

    De plus, dans mon entourage 4 personnes viennent de perdre leur travail (4 japonais) + Rom. B. Le gaijin réunionnais + vous.

    Je vous envoie pleins d'ondes positives !

    http://un-martiniquais-au-japon.blogspot.jp/

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  3. Merci pour ton commentaire Helios.

    Je suis doublement heureux de l'avoir lu car il me fait oublier un commentaire haineux sur cet article que j'ai effacé il y a deux jours. Je crains malheureusement que nous soyons nombreux à nous battre au Japon pour y rester, nous autres passionnés de ce pays, sans bagages et sans contacts. Je vous remercie de votre chaleureux encouragement, et j'espère que tout ira bien pour vous également. Bon séjour, bonne vie !

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